Sur la route de Kérity à Paimpol, l’Abbaye maritime de Beauport témoigne de la vie monastique en Bretagne. Construite à quelques mètres de la mer, elle est fondée au XIIIe siècle par le comte Alain de Goëlo qui donne des terrains à l’ordre des Prémontrés. Les chanoines constituent alors un domaine qui se développe grâce aux dons de bienfaiteurs, d’aristocrates, et à l’exploitation de moulins, de salines, de pêcheries. Centre économique et religieux, l’influence de l’abbaye s’étend à 50 kilomètres à la ronde. Mais à la renaissance, au début du XVIe siècle, l’abbaye est « mise en commende », le roi nomme désormais les abbés qui perçoivent personnellement jusqu’à un tiers des revenus tirés par la communauté. Les conséquences sont graves et mettent en péril l’entretien des lieux, le relâchement dû à la perte de l’autorité morale et spirituelle des abbés élus mène à une certaine décadence des religieux.
Fermée à la révolution, l’abbaye reçoit ensuite plusieurs affectations (salpêtrière, entrepôt, ferme…). Mais plusieurs bâtiments s’écroulent durant la première moitié du XIXe siècle, comme le toit de l’église. Plus tard, l’école et la mairie s’installent dans l’aile des chanoines, tandis qu’une famille d’armateurs, les Morand, occupe une autre partie des lieux. En 1962, devenus propriétaires de l’ensemble, les Poninski obtiennent le classement aux monuments historiques.
C’est en 1992 que le Conservatoire du Littoral entre en possession du domaine, de nombreux travaux sont entrepris pour sauver les lieux de la ruine. Aujourd’hui le domaine invite à la balade et à la découverte de la nature en baie de Paimpol, avec en son cœur les vestiges de l’abbaye, organisés autour d’un cloître (église, salle capitulaire, salle au duc, réfectoire…). Les jardins, ensemble romantique, s’ouvrent sur la mer, rappelant à l’intérieur des hauts murs l’engouement pour les fruits (pommiers, figuiers, poiriers et abricotiers). D’ailleurs un verger conservatoire a été planté derrière l’église (une soixantaine de variétés de pommes conservées). Au-delà s’étend un domaine plus sauvage, entre la presqu’île de Guilben et la pointe de Kérarzic, pénétré par la mer.
© Un article de Stéphane Dubin - Pays de Bretagne
Crédits photos : Wikimedia Commons
Publié le : 11 janvier 2017
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